Merci à tous !

Bonjour à tous, 

Je suis ravi de vous annoncer que les 1230€ collectés via la cagnotte Leetchi, viennent d’être intégralement versés à l’association Pierre-Georges Latécoère (APGL). Comme évoqué dans notre article du 17 septembre, la somme sera utilisée pour aider à financer les travaux de réfection de la plomberie du centre de soin de Saint-Louis, au Sénégal.

Si vous souhaitez suivre l’avancement de ce projet, veuillez m’envoyer un message sur frederic@ailes-solidaires.fr. Vous pourrez ainsi, si vous le souhaitez, être ajouté sur un groupe Whatsapp créé par le coordinateur des opérations (Jean-Louis Gross).

Bernard Sergent, président de l’APGL, Jean-Louis Gross et moi-même, vous remercions du fond du coeur pour votre générosité.

Frédéric Delcourt

Du 22 au 24 septembre - Tanger - Mutxamel - Perpignan - Eyguières - Enghien Moisselles.

La vague Bravo, dont nous faisons partie, s’est mise en route sur l’aéroport de Tanger vers 11h, en cette journée du 22 septembre. Nous prenons contact avec la tour de Tanger sur la fréquence 119.5. Les instructions sont claires : décollage en piste 28 par le point Bravo, suivi d’un virage à droite pour contourner la ville via le détroit de Gibraltar, en passant par les points de report LINTO et XAVIR jusqu’au « flight Level 45 » (altitude 4500 pieds). Nous “collationnons” et décollons.

Voilà, les roues de notre appareil viennent de quitter à la fois Tanger, le Maroc et cet incroyable continent africain que nous avons tant aimé explorer depuis 2 semaines. Ce décollage ferme une page importante de ce voyage et en ouvre une autre pour parcourir les 2240 km qui nous séparent d’Enghien, l’aérodrome d’attache de notre Cessna.

Nous avons mis 3h20 pour rejoindre Mutxamel, puis 3h30 pour atteindre Perpignan le lendemain. Ce furent nos 2 dernières étapes avec le Raid, toujours aussi magnifiques, avec des survols de paysages très variés : mers, plaines, montagnes…

À Perpignan, nous avons salué une dernière fois les équipages et les membres de l’organisation avec qui nous avons partagé cette aventure. Puis nous avons mis le cap sur Eyguières le 23 septembre, où Vincent a pu retrouver sa famille.

Il ne restait plus qu’une dernière étape à parcourir en solo, le dimanche 24 septembre, pour relier Eyguières à Enghien-Moisselles. La météo était au beau fixe sur toute la route et les paysages de plus en plus verts. Je me suis posé à 14h39 (heure locale), après 3h30 d’un vol marquant l’étape ultime de ce voyage hors norme et hors du temps.

Pour autant, le raid n’était pas tout à fait terminé pour Vincent et moi. Il nous restait une dernière tâche à accomplir : celle de notre rôle de parrain et de pilote de l’aéropostale, que nous avons pris très à cœur. Nous avons donc pris chacun rendez-vous avec les classes des CP parisiens et les CM2 de Carry-le-Rouet, pour livrer le courrier des élèves de Laâyoune. Et à nouveau, nous avons organisé une visioconférence avec nos classes respectives de Laâyoune, pour que cet acte symbolique, mais ô combien important, puisse être partagé avec tous les élèves. Les marocains ont ainsi pu voir leur courrier être livré et discuter avec leurs nouveaux amis et correspondants français.

Ces liens, déjà joyeux, enthousiastes et forts lors des escales de Tarfaya et Laâyoune, se sont un peu plus resserrés entre nos deux pays. Les maîtresses des écoles concernées nous ont d’ailleurs confié leur désir d’entretenir ces correspondances.

Si nous devions citer un seul fait marquant de tout ce voyage, ce serait cette dernière image d’enfants joyeux qui s’échangent leurs courriers, discutent entre eux et se racontent des blagues. Symboliquement, c’est aussi le plus beau pied de nez que l’on puisse faire à tous ces murs qui se construisent dans le monde. Une fois de plus, l’avion a servi à relier les hommes, comme disait Pierre-Georges Latécoère, et il continuera de le faire —+

Du 20 au 21 septembre - Tan Tan - Essaouira - Tanger

Pour cette newsletter couvrant les trajets de Tan Tan à Essaouira, puis Tanger, nous vous laissons profiter de deux vidéos et nombreuses photos.

Comme toujours, les photos sont commentées et nous vous proposons aujourd’hui d’y découvrir un extrait du briefing de Tan Tan à Essaouira, pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur la préparation des vols. Tout y est : les consignes au départ, la météo, les NOTAM, les consignes pour le plan de vol, etc.

Enjoy —+

Du 18 au 19 septembre - Saint Louis - Dakhla - Tan Tan

Nous sommes le 18 septembre 2023. Nous avons déposé le plan de vol « GOSS – GMMH » (Saint Louis – Dakhla). Ce sera notre première formalité de départ pour entamer la longue remontée vers l’Europe. Nous avons parcouru 4500 km pour venir jusqu’ici. Il faudra même en faire un peu plus au retour, avec des escales parfois différentes. Tout ce qui s’annonce devant nous, nous fait toujours autant rêver : des survols maritimes, des zones désertiques, des montagnes, des merveilles de la nature… Impossible d’être blasé.

Deux différences importantes s’annoncent dès le départ : d’abord la météo, car des orages sont attendus dans la région de Nouakchott et plus au nord aussi, en plein désert. L’autre concerne notre altitude de croisière. Nous avions un « tapis roulant » à basse altitude à l’aller, grâce à un vent du nord qui nous poussait fort vers le sud. Au retour, ce sera l’inverse en altitude. Nous irons donc chercher ce vent porteur où il se trouve.

Vers Nouakchott, les orages étaient bel et bien présents. Nous avons dû slalomer pour éviter quelques trombes d’eau. Au nord de la ville, la pluie continuait à tomber sur un désert tantôt rouge, tantôt blanc. Nous nous sommes demandés si la région allait connaître une explosion de verdure et de fleurs, comme cela se produit parfois après un épisode pluvieux succédant à une longue sécheresse. Nous aurions aimé rester quelques jours dans la région pour observer ce phénomène, mais il fallait avancer.

Nous avons eu la chance de survoler à nouveau le parc national du Banc d’Arguin, avec ses motifs d’eau et de terre somptueux. La Mauritanie est sublime vue du ciel ! Comme tant d’autres régions d’Afrique. Cela donne envie d’y revenir pour mieux la connaître. Pur hasard ou publicité diablement bien ciblée, je recevais quelques jours plus tard une proposition de trek en Mauritanie dans ma boite mail, par une agence de voyage spécialisée.

Dakhla était à nouveau devant nous, entre la mer et sa lagune. Vincent a profité du vol pour programmer une approche ILS (Infrared Landing System). Ce système est couplé au pilote automatique pour aligner l’avion sur un axe et un plan d’approche, ce qui permet aux avions de ligne d’effectuer leur finale en toute sécurité, même par brouillard. Dans l’avion, nous n’avions plus qu’à gérer le régime du moteur pour obtenir la bonne vitesse. Avoir cela dans un Cessna, c’est royal !

Le lendemain, cap sur Tan Tan, en passant par Boujdour, Laâyoune et Tarfaya. Certains équipages ont pu réaliser une magnifique formation à trois avions pour saluer une dernière fois Tarfaya. De notre côté, c’est le « Fox Alpha Alpha » qui nous a rejoint au-dessus de la côte pour quelques minutes en patrouille. Piloter un avion tout en en observant un autre à ses côtés, est sans doute l’une des plus belles expériences pour un passionné d’aviation. Ces 3h30 de vol nous laisseront encore de beaux souvenirs.

Arrivés à Tan Tan et après avoir fait les pleins de carburant, nous sommes sortis de l’enceinte de l’aéroport pour retrouver un bon vieux Defender, le 4×4 mythique de Land Rover. Avant d’embarquer, nous avons pris quelques photos au bord du plateau sur lequel l’aéroport est érigé. La vue est à couper le souffle. Survoler le désert est une chose, l’observer depuis la terre ferme en est une autre. Au loin, on pouvait distinguer un îlot de vie au milieu de cette immensité aride. C’était Tan Tan.

Notre véhicule nous a fait descendre du plateau, puis a quitté la route pour nous conduire vers notre étape du soir. Le chemin ressemblait à peine à une piste, et très vite, notre chauffeur a suivi de simples traces entre buissons et rochers. Il sembla perdu à plusieurs reprises, revenant sur ses pas, hésitant, puis repartant à nouveau. Nous le regardions silencieusement, bien incapables de l’aider. Deux dromadaires broutaient un arbuste un peu plus loin, ne prêtant aucune attention à notre arrêt pour les photographier. Enfin, après avoir contourné une ancienne forteresse, nous avons aperçu le « Ksar », sorte de village fortifié, où nous avons passé la nuit. Une fois installés, nous sommes allé exploré le sommet d’un relief à proximité, pour mieux apprécier les environs. Nous étions totalement isolés, loin de toute pollution et agitation humaine. Le rêve éveillé se poursuivait —+

17 septembre - Saint Louis du Sénégal - Actions solidaires

C’était notre première journée sédentaire depuis le départ du raid et tous les équipages sont mobilisés pour se consacrer aux actions solidaires.

La matinée fut dédiée aux vols de découverte, offerts aux enfants de l’orphelinat de Saint-Louis. Ce moment était attendu avec impatience des deux côtés depuis des mois. D’abord par ces enfants qui allaient vivre un moment hors du commun. Et par nous, imaginant ces instants et ces visages émerveillés. Ce fut le cas et bien au-delà, tant l’émotion était forte. 48 passagers étaient prévus, plus de 70 ont pu découvrir leur ville vue du ciel.

L’après-midi, une partie du groupe a visité le centre de soin pour lequel l’association a financé l’installation de climatiseurs en 2022. Le groupe a eu droit à un accueil incroyable avec un spectacle de danse. Mais la suite nous a vite remis les pieds sur terre. Malgré les améliorations récentes, il reste encore beaucoup à faire : il n’y a pas d’eau courante, les meubles et menuiseries sont en très mauvais état.

C’est donc décidé, l’intégralité de la cagnotte mise en place sur ce site, sera consacrée au financement des prochains travaux de plomberie.*

L’autre partie du groupe a rencontré l’association IRRIGASC. Depuis l’invention de la gaine d’irrigation en 1992 (on vous explique tout sur la vidéo de cet article), et la création de l’association en 2012, ils luttent à la fois contre l’exode rural, la désertification et la malnutrition. 90.000 arbres ont été plantés sur 1025 plantations familiales. Le Raid Latécoère fait partie de leurs contributeurs. Nous en parlons également sur notre page “synergie”.

Enfin, nous avons rencontré Mohamadou LY. Avec sa volonté de fer et l’aide de l’AGPL (Association Pierre-Georges Latécoère), il vient de fonder “l’Espace Culturel Aéronautique Raid Latécoère” (ECARLA) à Nouadhibou. Le premier espace de ce genre dans la région et peut-être même en Afrique. Et depuis 2 ans, ECARLA dispense une formation d’initiation et de découverte des sciences et métiers de l’aéronautique. **

Nous avons clôturé cette journée chargée en émotion par une très belle soirée au bord du fleuve Sénégal, en présence des responsables des associations et partenaires locaux. Nul doute qu’aujourd’hui encore, l’avion a contribué à rapprocher les hommes —+

(*) Si vous souhaitez faire un don pour le centre de soin, cliquez rendez-vous ici : https://ailes-solidaires.fr/soutenir-notre-projet. 66% de votre don est déductible de vos impôts sur le revenu. Si vous souhaitez obtenir un quitus fiscal, mentionnez-le à frederic@ailes-solidaires.fr, avec vos nom, prénoms et adresse postale. Merci pour eux !

(**) Si vous souhaitez faire un don à l’association, vous pouvez le faire via le formulaire de l’AGPL, en mentionnant qu’il est à destination d’ECARLA. Le même abattement de 66% s’applique sur vos impôts.

16 septembre - Dakhla - Saint Louis du Sénégal

Il est 5h45. Nos réveils nous tirent d’un sommeil profond et trop court pour effacer la fatigue cumulée pendant les 8 dernières journées de voyage. Mais qu’importe ce matin, c’est la motivation qui nous pousse hors du lit. L’émulation du groupe, quelques protéines d’adrénaline et ce bus qui nous transporte dans la nuit font le reste.

Les contrôles d’accès à l’aéroport étaient moins motivés que nous au réveil. Mais une fois sur le tarmac avec un peu de retard, une partie des 19 appareils a pu se mettre en vol avant le lever de soleil. Le ballet s’est mis en marche, coordonné par Adrien en chef d’orchestre. Après l’avion ouvreur, les vagues Charlie, Alpha et Bravo se sont succédées, les avions décollant à 1 minute d’intervalle.

Nous avons démarré notre moteur à 8h15. Avec 5h30 d’autonomie en régime de croisière, il s’arrêtera vers 13h45, quoi qu’il arrive. Nous prévoyons une arrivée à Saint Louis à 12h45. En cas de problème à l’arrivée, notre solution de repli serait le terrain de “Richard Toll”, à 25 minutes de vol. Donc ça passe ! Nous sommes prêts au départ, nous demandons le roulage à la tour.

Certains n’ont pas l’autonomie nécessaire pour relier directement Saint Louis et devront ravitailler à Nouakchott. Nous ne ferons pas cette escale. Nous survolerons toute la Mauritanie d’un seul trait, car l’avion permet cela : « le vol en ligne droite », comme disait Saint Ex.

En approchant de la Mauritanie, nous devons obligatoirement survoler un point appelé GREGUIRAT. Un poste d’observation y est installé pour scruter les immatriculations de tous les avions à la jumelle. Le paysage est uniforme et pourtant, une immense clôture se dresse à quelques kilomètres de la guérite, partant de la côte vers l’intérieur des terres. C’est la frontière. Comme une balafre.

Les paysages que nous traversons sont hors norme. Ici, à perte de vue, d’immenses formations rocheuses semblent se cramponner au sol pour résister aux vents de la région. Plus loin, des centaines de dunes se baignent dans une eau allant du turquoise à l’ocre. La rétine capte ces images dont il ne restera que des souvenirs plus ou moins précis. Les caméras fixées sous nos ailes et dans le cockpit immortalisent ces instants, pour nous confirmer que nous ne rêvions pas.

À l’approche de Nouakchott, la chaleur monte d’un cran. Il est 11 heures et nous naviguons vers le sud, le soleil nous fait donc face. Nous finissons par calfeutrer le haut de notre verrière avec une couverture de survie pour réduire la cuisson dans le cockpit. Notre consommation d’eau monte à 1 litre toutes les 2 heures.

Le temps passe relativement vite à bord, car il y a toujours quelque chose à faire. On veille les fréquences radio, on échange des informations avec les autres avions. On discute. On dévie nos caps pour prendre des photos, parfois à basse altitude. Et on vérifie régulièrement nos paramètres de vol : vitesse, vent, régime moteur, consommation instantanée, niveau de carburant, température et pression d’huile, ….

Nous avons dépassé Nouakchott sur notre gauche, baignée dans une lumière blanche. Puis progressivement, la végétation est réapparue. Éparse au début, puis de plus en plus dense et entourée de zones marécageuses. Soudain, au-dessus d’une large étendue d’eau, une centaine de flamants roses passe sous nos ailes. L’instant est magique. Nous sommes toujours en Mauritanie.

Nous survolons une magnifique plage de sable blanc en approchant Saint Louis. Des longues pirogues posées sur le sable témoignent de l’intense activité de pêche qui règne ici. Le cœur de Saint Louis se situe sur une île au milieu du fleuve Sénégal. Le reste de la ville s’étend de part et d’autre sur les rives avoisinantes. Nous enroulons ce panorama avant de nous présenter en finale pour nous poser après 4h30 de vol.

Voilà, nous y sommes ! Saint Louis était le dernier contact avec la terre ferme pour les pionniers, avant la traversée de l’Atlantique vers Natal, au Brésil. Pour nous, ce sera le point le plus méridional de notre parcours. Les pilotes de l’époque se reposaient à l’hôtel de la Poste avant de poursuivre leur voyage. C’est là que nous nous rendons également. Nous passerons 48 heures à Saint Louis, pour nous consacrer à plusieurs actions solidaires –+

15 septembre - Laâyoune - Dakhla

“Certaines photos semblent être prises depuis l’espace”, … “combien de temps pourrions-nous tenir au sol, en cas d’atterrissage forcé ?”, … “on ne voit aucune trace de vie, elle semble impossible ici”… En contemplant le panorama saharien sous nos yeux, ce ne sont pas de simples adjectifs qui nous viennent à l’esprit, mais des questionnements ou réflexions, mêlés de crainte et de fascination. Nous n’avons jamais vu le désert d’aussi près, et sans même y avoir vécu ne serait-ce que 24 heures, on mesure instantanément les défis à surmonter pour l’affronter.

Le vol de Laâyoune à Dakhla est une longue traversée de 2h30. Cette fois, nous ne sommes plus aux portes du désert, nous le survolons. Toute panne moteur sans pouvoir atteindre l’unique route reliant les provinces du sud nous mènerait à un crash brutal dans le sable, ou un amerrissage incertain. Nous le savons, cela fait partie des risques de l’aviation légère, où la très grande majorité des avions sont monomoteurs. Mais nous les acceptons, car ils restent faibles malgré tout. Les machines d’aujourd’hui ne sont pas celles des pionniers.

En vol, nos pensées ou réflexions oscillent entre l’apparition d’un risque potentiel et un raisonnement rationnel : nous survolons le désert, nous resserrons notre trajectoire vers cette route salvatrice. Le contrôle aérien nous impose une route à basse altitude au-dessus de l’eau, on se rassure avec des probabilités. Mais la sérénité reste maître, sans quoi ce voyage serait impossible.

Le duo que nous formons fonctionne à merveille. C’était d’ailleurs un des risques identifiés avant le départ, car nous n’avions jamais navigué à ce point ensemble. Nous en avions parlé notamment avec les chefs pilotes en mai, pendant la préparation du raid. Nous savions déjà que nous nous entendions bien sur la terre ferme. Puis cette entente s’est confirmée ces derniers jours, dans notre façon de préparer les vols, d’aborder les risques, de gérer le stress ou de piloter tout simplement. Nous voilà donc sereins pour la suite du voyage !

Dakhla approche, sa presqu’île se dessine petit à petit devant nous. En arrivant au-dessus de la lagune, nous remarquons une multitude de petits traits blancs à la surface de l’eau : des kitesurfers. Dakhla est une référence mondiale pour ce sport. Le « GKA kite surf World Cup » s’y tiendra du 22 septembre au 1er octobre.
Nous entamons la procédure d’approche : « vent arrière », « étape de base main gauche », puis « finale ». Nous sommes « autorisés atterrissage piste 03 » par la tour de contrôle. Nous confirmons la « clearance », posons l’appareil et roulons vers notre point de stationnement. Une magnifique journée de vol s’achève.

Puis, comme chaque soir, les équipages se réunissent pour le « débriefing » du jour, puis le « briefing » du lendemain. La tension monte d’un cran. Car c’est demain que nous rejoindrons l’étape phare de notre Raid : Saint Louis du Sénégal. Et la distance à parcourir sera aussi la plus longue du raid, dans une région aux conditions toujours très hostiles. Nous devons estimer avec précision notre temps de vol et le carburant restant à l’arrivée, pour anticiper une solution de repli en cas de problème. Avec les vents prévus, ce sera juste, mais réalisable. Puis, en cours de briefing, une autre information tombe : demain, nous décollerons avant l’aube… —+

14 septembre - Tarfaya - Laâyoune

Ce matin, nos équipages ont visité Tarfaya. Nous avons exploré la bibliothèque du Lycée Qualifiant et nous sommes retourné au musée Antoine de Saint Exupery. Nous étions accompagné par plusieurs personnalités de la ville, dont le Gouverneur, le Pacha, le Vice-maire et notre correspondant local, M. Sadat. L’équipage de la FASEJ (Fondation Antoine de St Exupery pour la Jeunesse) a profité de l’occasion pour enrichir la collection de la bibliothèque du lycée. Devant le banc de la liberté, une photo a immortalisé cette matinée.

Au retour, nous avons fait un détour par la plage pour découvrir la forteresse “Casa Del Mar”, littéralement la “Maison de la Mer”. Érigée par les Britanniques vers la fin du 19e siècle sur un rocher isolé, elle avait pour ambition de dynamiser les échanges commerciaux. Aujourd’hui, elle se trouve malheureusement en ruine, lentement érodée par la houle de l’Atlantique et les vents forts de la région.

Vers 13 heures, nous étions à bord de nos avions, prêts à décoller. Comme pour chaque vol, nous avions en tête les “menaces du jour”. La piste, qui était déjà une source de préoccupation la veille, allait être un facteur limitant pour notre départ ce jour-là. Il fallait également rester vigilants face à l’affluence autour de la zone de décollage.

Le vol vers Laâyoune a été bref, avec seulement 62 nautiques (environ 115 km). Comme toujours, nous avions prévu un terrain de déroutement en cas de problème à l’arrivée. Dans cette situation, revenir à Tarfaya aurait été notre seule option. En approchant de Laâyoune, la première piste à se dévoiler à nos yeux était réservée aux militaires, donc à éviter. L’atterrissage sur la piste civile, malgré le fort vent de travers ce jour-là, a été géré par Vincent avec maestria.

Sur le terrain, nos CM2 et leurs enseignants nous attendaient. Bien que les baptêmes de l’air prévus aient été annulés en raison d’une météo capricieuse, nous avons pu connecter les élèves marocains et français via visioconférence. Les CP parisiens et les CM2 de Carry-le-Rouet ont pu aussi découvrir nos avions. Vincent a profité de cette occasion pour échanger des courriers entre Carry-le-Rouet et Laâyoune, agrémentés de magnifiques photos souvenirs.

En tant que parrains de l’étape, la MLF (Mission Laïque Française) nous a chaleureusement accueillis dans leur école. Dans ce cadre accueillant, entre les salles de classe lumineuses et une très belle bibliothèque, nous avons présenté notre voyage et nos initiatives solidaires aux élèves de 5ème et 2nde, répondant ensuite à leurs questions. La journée s’est conclue par l’échange de courriers orchestré par Christelle, la maîtresse des CP de Laâyoune. Nous avons ainsi rempli notre première mission aéropostale, pour être aussitôt chargés des courriers marocains, à destination de la France –+

13 septembre - Agadir - Tarfaya

Ce matin, deux groupes ont pris la route pour se retrouver à Tarfaya. L’un est parti en bus de Laayoune, accompagnant la classe de CM2 que nous parrainons. Et au départ d’Agadir, 19 appareils décollent les uns après les autres.

Nous anticipons un vol d’une durée de 2h20. La majeure partie du trajet consiste en un survol côtier, sauf pour une portion à mi-parcours, où nous nous éloignons de la côte pour éviter des zones militaires actives. Notre itinéraire nous mène par Sidi Rabat, Mirleft, Sidi Ifni, Foum Assaka, Labyar, puis Tan-Tan.

Chaque briefing met en évidence “les menaces du jour”. Aujourd’hui, nous aurons la chaleur, le vol en région désertique et surtout l’atterrissage à Tarfaya. Ce dernier présente plusieurs points critiques que nous avons étudiés minutieusement :

  • La piste en terre, d’une longueur de 700 mètres, est en mauvais état et parsemée de cailloux. Elle a été exceptionnellement ouverte pour l’occasion.
  • Des antennes radio se situent proches de son seuil, nécessitant une approche finale décalée.
  • La piste sera bordée par les avions déjà arrivés et de nombreuses personnes, dont des gendarmes, des policiers et le staff assurant la sécurité.
  • Faute de taxiway, les avions, une fois atterris, doivent effectuer un demi-tour sans s’arrêter pour ne pas risquer de prendre un cailloux dans l’hélice, puis remonter la piste en sens inverse jusqu’au parking.
  • Une fois le moteur éteint, nous devons montrer les clés au « parkeur », signalant que l’avion peut être manipulé, afin d’être poussé immédiatement vers son stationnement et libérer la piste.

Le paysage sous nos ailes est quasiment dépourvu de végétation, la terre brûlée par le soleil. Après deux heures, nous survolons la côte et apercevons enfin le Cap Juby et le village de Tarfaya.

La coordination est essentielle alors que plusieurs avions se préparent à atterrir. Nous  nous intégrons dans le circuit d’aérodrome, suivant un appareil déjà en phase finale. Puis à mis-parcours, le contrôle nous demande de patienter, la piste n’étant toujours pas dégagée. Le moment est tendu, chaque manoeuvre devant être parfaite. Puis le feu vert est donné pour poursuivre notre approche, la piste encombrée se dévoile, tout comme les antennes. Le contrôle nous guide d’une voix calme via notre radio, nous procédons avec précision, ajustant chaque paramètre pour un atterrissage parfait.

Notre Cessna remonte fièrement la piste et nous coupons le moteur. Les équipes au sol repoussent l’avion vers son point de stationnement. Les élèves de CM2, avec qui nous avons fait connaissance depuis déjà plusieurs mois, accourent vers nous. Nous sommes tous heureux de nous retrouver enfin. Ces instants resteront gravés dans nos mémoires.

L’avion devient vite l’objet de toutes les attentions. Les enfants sont curieux et les questions fusent, toutes pertinentes. Nous les installons un par un aux commandes de l’avion, batterie allumée et commandes libérées pour qu’ils puissent en profiter au maximum. Plusieurs nous confient vouloir devenir un jour pilote.

Nous sommes ensuite invités à visiter le musée Antoine de Saint Exupéry de Tarfaya. Ce lieu nous immerge dans l’histoire l’aéropostale, les pannes en plein désert et les pilotes capturés par les Maures. St Ex, alors Chef de l’aérodrome de 1927 à 1929, a souvent usé des ses qualités de diplomate pour négocier des libérations. Vol de Nuit (1931) et Le Petit Prince (1943), ont probablement été en partie inspirés par les expériences de Saint Ex dans cette région.

Il n’y a pas d’hôtel à Tarfaya pour accueillir la caravane du Raid LAtécoère. Un village de tente a donc été aménagé pour l’occasion, à une centaine de mètre de nos avions. C’est un décor d’aventure féérique qui se trouve planté ici. Ce soir, au cœur du désert saharien et sous un ciel étoilé, nous n’aurons nul besoin de fermer les yeux pour rêver –+

12 septembre - Casablanca - Agadir

La machine du raid est maintenant rodée. Tous les soirs, nous « débriefons » la journée de vol et « briefons » celle du lendemain. Ensuite, un briefing de recalage a lieu chaque matin sur le tarmac. Il sert à nous ajuster en fonction du dernier bulletin météo, de tout changement de route ou de toute autre information importante pour nos escadrons.

Le soleil peine à percer l’horizon alors que nous passons en revue nos plans de vol sur le tarmac en ébullition de Casablanca. C’est ici que nous faisons connaissance avec l’équipage du « Fox Romeo Tango ». Victoria, étudiante en école vétérinaire et pilote privée fraîchement diplômée, rêve de passer une licence de pilote commerciale (CPL) pour participer à des missions humanitaires. À ses côtés, Chloé, spécialiste de la maintenance aéronautique, a obtenu sa licence seulement neuf jours avant le départ du Raid. Et enfin, Bernard, ancien pilote dans l’armée de l’air, endosse le rôle de « safety pilot ». Le voyage de ces deux jeunes recrues est intégralement financé par la FASEJ (Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse).

Un peu plus loin, nous croisons un attroupement d’enfants autour du « Fox Tango Oscar », avec sa magnifique tête de guépard peinte sur sa dérive. Son équipage est le parrain d’une classe de CM2 de Casablanca. Nous prenons un petit groupe de cinq enfants pour leur faire visiter notre appareil. Vincent demande alors aux enfants : « Pourquoi un avion vole ? » Réponse immédiate d’un petit gars : « Les molécules d’air circulent plus rapidement sur l’extrados que sur l’intrados. Cette différence de vitesse crée une différence de pression, avec une pression plus faible sur l’extrados et une pression plus forte sur l’intrados, ce qui génère la portance qui soulève l’avion. »… Nous ramassons nos mâchoires lourdement tombées par terre pour finir la visite de l’avion et félicitons nos invités.

Retour au calme. L’étape de ce matin est relativement courte, mais nécessite encore une attention particulière pour les zones à éviter et les contacts radio à établir. Nous mettrons deux heures trente pour relier Casablanca à Agadir, avec un large contournement obligatoire à l’est de Casa, puis ralliement du trait de côte plus au sud jusqu’à Agadir.

Dès le décollage, nous sommes tout de suite captivés par les paysages qui défilent sous nos pieds. Le Maroc est encore un peu vert dans cette région, mais on perçoit bien le changement, mille nautique après mille nautique. On se rapproche des portes du désert.

Il est difficile de ne pas penser aux pionniers de l’Aéropostale qui ont emprunté cet itinéraire presqu’un siècle auparavant. Contrairement à eux, nous avons le luxe de la technologie moderne, mais le respect pour leur bravoure est omniprésent. Ils devaient certes être éblouis par ces panoramas, mais surtout préoccupés par leurs missions, la météo incertaine et les pannes en tous genres, très fréquentes à l’époque. Il y a eu un mort chaque cent kilomètres de la ligne Latécoère pendant les premières années de l’Aéropostale. Mermoz en fait partie, perdu dans l’Atlantique à bord de l’immense hydravion « La Croix du Sud », entre Saint-Louis du Sénégal et Natal au Brésil.

L’approche d’Agadir est séquencée très prudemment par le contrôleur aérien qui nous prend en charge. Une fois posés, nous effectuons tous les pleins de carburant pour le vol du lendemain, puis nous sécurisons l’avion : commandes verrouillées, cales-roues posées, frein de parc serré, sonde pitot et entrée d’air moteur protégées, pare-soleil installé, portes verrouillées.

L’aéroclub d’Agadir nous accueille très chaleureusement : thé à la menthe, pâtisseries… Merci les amis ! On mesure l’appartenance à une communauté dans ces moments-là. Dans notre univers ailé, la solidarité est compacte et sans fissures —+

11 septembre - Mutxamel - Tanger - Casablanca

Les Ailes Solidaires comptent un deuxième commandant de bord depuis ce matin. Vincent nous a rejoints hier soir, et c’est lui qui a assuré le premier des deux vols de la journée : la liaison impressionnante entre Mutxamel et Tanger.

Pour ce vol aussi technique que celui de la veille, nous avons effectué une longue traversée maritime pour rallier l’Europe à l’Afrique. Nous ne sommes montés qu’à 4500 pieds (1 500 m) pour cela. C’est assez peu pour ce genre de survol, mais c’était l’altitude idéale pour bénéficier du vent le plus favorable.

Dans ces moments-là, on observe tous les navires et voiliers à notre proximité. En cas d’amerrissage forcé, nous ferions en sorte de toucher l’eau sur leur trajectoire, afin d’augmenter nos chances d’être vus et secourus rapidement. La procédure est assez simple mais très risquée, car l’impact avec l’eau se fait à environ 100 km/h. Pour augmenter nos chances de survie, l’approche doit être parallèle à la houle. Avant de toucher l’eau, on doit déverrouiller, puis reverrouiller les portes « ouvertes » pour ne pas qu’elles restent bloquées dans l’eau. Puis une fois l’avion immobilisé, on évacue, on gonfle les gilets à l’extérieur et on déclenche nos balises portatives. À l’approche des secours, on percute nos fusées de détresse pour être vus dans l’eau, car les balises ne sont pas assez précises.

La traversée s’est heureusement passée sans encombre. La météo très dégagée nous a même permis de prendre des clichés magnifiques des deux rives du détroit de Gibraltar, avec la caméra accrochée sous notre aile. Quel beau trait d’union !

À l’approche de Tanger, la tour de contrôle nous  a proposé de nous intégrer devant un avion de Ryanair, tout en mettant ce dernier en circuit d’attente. On a alors pu entendre le pilote de ligne collationner l’instruction sans broncher. La situation était très drôle et surtout inhabituelle, car les avions légers sont systématiquement mis à l’écart. Mais la rigolade n’a pas duré très longtemps ! Après s’être aperçue de son erreur, la tour a évidemment fait passer l’Airbus devant nous et mis cinq avions du raid déjà présents en attente. La punition a duré 15 longues minutes, pendant lesquelles nous avons effectué 7 orbites à proximité d’une montagne.

Le mastodonte à l’étable, nous avons alors pu reprendre notre approche. Trois heures et demie après notre départ de Mutxamel, nous étions sur le parking de Tanger. 

Voilà !  C’était fait. Nous venions de nous poser au Maroc, à l’entrée de ce gigantesque continent africain. Passée l’émotion de cette arrivée hors du commun, nous avions alors deux priorités : faire le plein et déclarer notre entrée sur le territoire marocain.

Grâce à un accueil quasi VIP, nous nous sommes remis en vol vers Casablanca moins de deux heures après notre arrivée à Tanger. C’est à ce moment-là que nous avons pu découvrir la beauté de ce pays. D’abord au-dessus des côtes, puis dans les terres pour contourner les espaces aériens de Rabat.

Nous avons passé cinq heures dans les airs aujourd’hui. C’est épuisant, mais tellement grisant. On n’a qu’une seule envie, c’est de repartir. Mais avant cela, nous passerons par une adresse incontournable pour ce raid de l’Aéropostale : Le Petit Poucet, un restaurant fréquenté régulièrement par Antoine de Saint-Exupéry —+

10 septembre - Perpignan - Mutxamel

Le vol d’aujourd’hui est l’un des plus complexes du raid pour plusieurs raisons :

  • La navigation est longue,
  • Il fait chaud,
  • La communication se fera en anglais du côté espagnol (car c’est la langue aéronautique),
  • Il faudra contourner de nombreux espaces aériens à des altitudes précises jusqu’à Mutxamel, avec notamment le survol de reliefs et quelques longues traversées maritimes.

Notre premier plan de vol d’une longue série, est déposé aujourd’hui en raison du passage de la frontière espagnole. La météo est globalement favorable sur tout le parcours. L’avion est prêt. Nous mettons en route et demandons le « roulage » au contrôleur. Ce sera un décollage sur la piste 33, mais nous cédons la priorité à un Boeing de Ryanair.

À l’approche de la frontière, les actions s’enchaînent. Nous contactons le contrôle aérien de la zone de Barcelone et entamons un long cheminement de point de report, en point de report.

Nous longeons d’abord la côte jusqu’à l’approche de Barcelone, avant de commencer un long contournement par l’ouest. L’agglomération et son aéroport ne tolèrent aucun appareil léger dans son espace aérien.

La majeure partie du vol se déroule au-dessus de la mer, parfois à très basse altitude. Nous profitons des moments calmes pour observer tout ce qui se passe autour de nous et sous nos ailes : ici quelques voiliers, là-bas un charmant village en bord de mer, un peu plus loin des installations portuaires massives, etc.

Les communications radio sont régulières. Nous sommes sur deux fréquences en même temps : celle des différents espaces aériens et celle du raid, où nous pouvons échanger des informations importantes comme la situation météo ou notre position par rapport aux autres appareils. Les oreilles d’un pilote étendent son champ de vision, grâce à la radio.

À Calp, nous survolons un isthme rempli d’habitations et terminé par un immense piton rocheux. À l’approche de Mutxamel, nous passons à proximité de très hautes tours, du côté de Benidorm. Les perspectives sont impressionnantes !

Nous approchons enfin le circuit d’aérodrome : vent arrière, étape de base, puis finale sur la piste 12. Nous voilà posés à Mutxamel avec Jean-Louis, mon copilote depuis Muret Lherm. Je serai rejoint ce soir par mon coéquipier Vincent, pour poursuivre ce magnifique voyage —+

9 septembre 2023 - Le départ du raid Latécoère Afrique 2023

Ce matin, 19 avions étaient alignés sur le tarmac de l’aérodrome de Muret Lherm. Plus de 50 pilotes, membres d’équipage, organisateurs, mécaniciens et chefs pilote ont quitté leur hôtel à 7:30 pour rejoindre leurs machines. Les responsables du Raid ont présenté un « briefing général » sur l’organisation, la sécurité, les journées types … et la préparation de la première étape vers Perpignan.

L’objectif du jour était simple : roder la mécanique du raid qui montera rapidement en régime dès le lendemain, pour traverser l’Espagne. Les procédures au sol, en vol et à l’arrivée sont assez particulières lorsqu’on vole en « caravane ». Avec autant d’avions engagés, les consignes doivent absolument être respectées. Pour toute la durée du Raid, le mot d’ordre sera : sécurité, sécurité, sécurité !

Notre flotte est très structurée. Cela commence par l’avion « ouvreur », suivi par 3 vagues d’avions (ALPHA, BRAVO, CHARLIE), définies en fonction des vitesses de croisière, et un avion mécanique qui ferme la marche. Chaque vague comporte un leader. Nous sommes en 3ème position de la vague BRAVO.

Comme Vincent, mon coéquipier, me rejoint au sud de l’Espagne, l’organisation m’a proposé d’embarquer un copilote pour les 2 journées de vol. C’est donc Jean-Louis, que j’ai eu le plaisir d’accueillir à bord. Le tandem a très très bien fonctionné. Pour des journées de vol aussi intenses, être à deux est beaucoup plus sympa et surtout plus sécurisant.

Ce premier vol s’est parfaitement déroulé. 1 heure après le décollage, nous survolions la cote méditerranéenne. Il nous a permis de jauger l’intensité de la charge de travail dans le cockpit, surtout à l’approche de Perpignan.

A l’atterrissage, nous avons demandé à la tour de contrôle un “roulage” vers la station essence, où 5 de nos appareils étaient déjà alignés. L’ambiance était décontractée. On s’est raconté notre vol et échangé quelques tuyaux pour la suite. La cohésion de groupe a commencé à se créer, et chacun s’est senti enrichi de cette expérience, prêt à mettre le cap vers le sud —+

La liaison vers Toulouse

Le vol d’Enghien à Muret-Lherm s’est passé sans encombre. Je n’ai finalement pas rencontré les brumes de sable prévues la veille, mais un bon vent de face qui a bien ralenti la progression. 3h50 de vol se sont écoulées pour rallier Enghien, Villeneuve, puis Muret, avec plus de 30 degrés dans le cockpit (ressenti 45° !). Dans ces conditions, la consommation d’eau grimpe à quasiment 1 litre par heure. On rêve alors de cette bière bien fraîche qui nous tend les bras à l’arrivée…

Cette première navigation a été l’occasion de mettre au point pas mal de petits détails sur l’organisation du vol, l’agencement des équipements dans le cockpit, la préparation de l’avion, etc.

À l’arrivée, une bonne partie de la flotte était déjà posée. Un mécanicien de l’organisation était présent pour me guider au sol jusqu’au parking et m’aligner sur les autres appareils. Après quelques vérifications administratives, l’organisation nous a remis nos magnifiques combinaisons de vol, veste, t-shirts, casquettes, et autocollants « RAID LATÉCOÈRE » à coller sur l’avion. Les contacts se sont tout de suite faits naturellement entre les équipages, pour avoir des informations ou se raconter nos anecdotes de cette première journée.

Dans la soirée, une réception était organisée au musée de « l’Envol des Pionniers », où Bernard Sergent, le président de l’association Pierre-Georges Latécoère, nous a rappelé toute la dimension solidaire et humanitaire de ce voyage. Le pilotage de notre avion en sera presque secondaire, même si chaque journée de vol nécessitera une préparation minutieuse. Il nous tarde de nous y mettre —+

Nous sommes prêts !

Bonjour à tous,

Nous sommes sur le point de quitter Paris pour nous rendre à Muret Lherm, au sud de Toulouse, où débutera le Raid Latécoère Afrique 2023. Nous sommes prêts !

Nos bagages sont bouclés, les équipements, fournitures et papiers sont empaquetés. Nous avons investi dans une caméra GoPro que nous pourrons fixer à l’extérieur de l’avion, ainsi qu’un dispositif pour capter les conversations en vol lors des prises de vues intérieures. Avec cela, nous espérons pouvoir vous faire vivre ce voyage de façon encore plus interactive, avec des images incroyables à la clé. 

Notre avion a subi une révision complète ainsi qu’une préparation spécifique. Son potentiel d’heure de vol est à son maximum, pour nous permettre de réaliser ce grand voyage.

Ces derniers jours, deux nouvelles classes ont rejoint le parrainage par notre équipage. Il s’agit des CP de Laâyoune et de Paris, où se trouve Axelle, la fille de Frédéric. Tout comme les CM2 de Carry-Le-Rouet et de Laâyoune, ils vont avoir une magnifique occasion de tisser des liens d’amitié à travers le Raid Latécoère. Nous avons récupéré aujourd’hui les très jolis dessins des CP de Paris, ainsi que des photos de classe imprimées, que nous remettrons en main propre aux enfants de Laâyoune. 

Le format d’échange entre les enfants a également évolué. Nous avons prévu des visioconférences le long du parcours, pour rendre ces échanges encore plus concrets et interactifs. La première est prévue demain matin, depuis notre aérodrome de départ à Enghien, avec les CM2 de Laâyoune.

Concernant le vol de demain, pour relier Paris à Muret-Lherm, nous avons pris en compte deux informations importantes : 

  1. Il n’y aura pas de ravitaillement en essence possible à Muret comme prévu. Une escale à Villeneuve-sur-Lot a donc été ajoutée, ce qui permettra de relier les deux étapes suivantes (Lézignan et Perpignan), sans avoir à refaire le plein à Muret.
  2. De fortes brumes de sable sont prévues demain sur une bonne partie du sud-ouest de la France. Elles ne devraient pas compromettre le vol, mais elles réduiront la visibilité horizontale. Il faudra donc être vigilant et à l’écoute des services d’information de vol.

Avec cet article, nous clôturons ces quelques mois de préparation. Rendez-vous dès le 8 septembre dans la rubrique « Journal de Bord », pour un point quotidien qui sera, j’en suis sûr, agrémenté de très belles histoires –+

Le « lâcher » de Vincent

L’univers de l’aviation regorge de protocoles et d’obligations assez stricts. Par exemple, un pilote breveté doit se soumettre à un processus d’évaluation rigoureux avant de pouvoir piloter l’avion d’un club autre que le sien, même s’il maîtrise parfaitement la machine. Dans le jargon des pilotes, on appelle cela un « lâcher machine ». Le processus implique également  une inscription au club, une cotisation annuelle, et ne ressemble en rien à la simplicité d’une location de voiture.

Vincent a dû passer par là. En effet, pour notre participation au Raid Latécoère, nous avons choisi d’utiliser le Cessna 172* de l’aéroclub d’Enghien, pour son avionique moderne et son pilote automatique. Ces caractéristiques garantiront une plus grande sécurité pour nos vols, surtout lors des navigations très particulières et parfois difficiles, au-dessus des déserts et des étendues maritimes.

Le 4 juin dernier, Vincent a franchi cette étape cruciale. Nous avions réservé un créneau avec le chef pilote pour une évaluation approfondie : maniabilité de l’avion, exercices de panne moteur, tour de piste, examen détaillé de l’avionique particulière… et j’en passe. Vincent a relevé tous ces défis avec brio. Il est désormais habilité à prendre les commandes du Fox Papa Kilo, l’indicatif radio de notre superbe avion.

Le Raid Latécoère nous attend –+

(*) Si vous souhaitez en savoir un plus sur cet avion, nous lui avons consacré une page entière dans la rubrique « A Propos » de ce site.

Lire la vidéo

Entre ciel et terre : les étapes du Raid Latécoère 2023

Les préparatifs du Raid Latécoère 2023 continuent à plein régime. Nous avons maintenant une vision assez claire du voyage qui nous attend. Les territoires, cultures et les langues que nous allons découvrir seront incroyablement variés : 5 pays survolés pendant 17 jours, 18 escales à explorer, 9600 km à parcourir… Voici un aperçu.

Enghien-Moisselles, le 8 septembre 2023. L’avion et tout ce que nous devrons emporter seront prêts. Nous aussi. On croise seulement les doigts pour que la météo m’autorise à décoller, pour rejoindre Toulouse le soir même et les 17 autres équipages du Raid Latécoère Afrique 2023.

Le départ officiel est prévu le lendemain. La première journée sera consacrée au rodage de la “mécanique” du raid, en 2 étapes très courtes, qui nous mèneront à Perpignan : séquencement des vols au départ, coordination des approches à l’arrivée et orchestration des mouvements au sol des 18 appareils engagés. Pour la beauté et pour la sécurité, ce raid devra ressembler à un joli ballet aérien.

Puis nous déposerons nos premiers plans de vol, pour passer la frontière espagnole et mettre le cap au sud. Nous atteindrons Mutxamel en fin de journée, après avoir fait une pause à Castellón. Vincent me rejoindra sur cette étape et aura le privilège d’assurer le vol suivant, pour rejoindre la belle Casablanca, via Tanger. Ce sera le vol de toutes les traversées car nous survolerons le détroit de Gibraltar, pour changer de pays et de continent en même temps.

Nous poursuivrons notre route marocaine via Agadir, Tan-Tan, puis Tarfaya, cette dernière étant emblématique de l’histoire de l’aéropostale. Antoine de Saint Exupéry y fut chef d’aérodrome en 1927 et 1928, pour porter notamment assistance aux pilotes et avions de la ligne. C’est à Tarfaya (anciennement Cap Juby) qu’il a écrit “Courrier du Sud”. Et dans “Le Petit Prince”, on retrouve des réminiscences de son expérience de cette région et de ce qu’il y a vécu.

Nous arriverons enfin à Laâyoune, point fort de notre engagement, avec le parrainage des élèves de CM2. Nous leur remettrons le courrier de France – rempli de messages d’amitié – dont nous avons parlé dans notre précédent article. Ce sera également l’étape des vols de découverte pour les enfants qui le souhaiteront.

Nous reprendrons alors notre route vers le sud, en passant par Dakhla, avant de traverser la Mauritanie avec des escales à Nouadhibou et Nouakchott.

Nous atteindrons alors Saint-Louis du Sénégal le 16 septembre, si la météo et les aléas de l’aviation légère nous le permettent. Pour les pilotes de l’aéropostale, c’était la dernière étape avant la traversée de l’océan Atlantique vers le Brésil. Pour nous, ce sera également la fin de notre voyage vers le sud, avant de mettre le cap au Nord, vers l’Europe.

Nous prévoyons de rester environ 48 heures sur place, pour découvrir la région et participer à d’autres actions solidaires, via l’association Latécoère.

Le retour vers Enghien suivra un itinéraire sensiblement différent de l’aller et comportera un peu moins d’étapes. Nous découvrirons par exemple Essaouira, au Maroc. Puis après avoir traversé l’Espagne, nous ferons une halte à Aix les Milles, près de Marseille, où Vincent retrouvera sa famille. Il ne restera plus alors qu’un seul et dernier trajet à réaliser pour clore ce magnifique périple. Le retour à Enghien se fera le 24 septembre où je retrouverai mes proches à mon tour, avec 9600  étoiles dans les yeux  —+

Le Parrainage de Laâyoune Prend des Couleurs

Le parrainage de la classe des CM1 de Laâyoune, sur lequel nous avons créé une page dédiée sur ce site, vient de franchir une nouvelle étape. Comme prévu, nous avons sollicité les classes de nos enfants respectifs pour initier une correspondance écrite, dont nous serons les facteurs de « l’aéropostale ».

Pour la classe d’Axelle, qui entrera en CP en septembre 2023, nous avons convenu que les élèves réaliseront des dessins juste avant le départ du Raid, pour en recevoir un au retour de Laâyoune, trois semaines plus tard. Cette temporalité, réduite au minimum, nous paraissait importante pour des enfants de six ans, car à cet âge-là, une action sur le trop long terme n’aurait sans doute pas été très parlante. Et nous avions aussi peu de chance de retrouver le même de groupe d’élève entre la grande section et la futur classe de CP.

Pour la classe de Sacha (le fils de Vincent), actuellement en CM1 à Carry-Le-Rouet, les dessins ont été réalisés avant la fin de l’année scolaire. Leur maîtresse, très motivée par le projet, a fait un travail remarquable en guidant les enfants. Nous la remercions ici chaleureusement ! Le thème était tout simple, mais bien trouvé et surtout travaillé avec soin : créer de toute pièce une carte postale. A l’occasion d’une sortie de classe, la partie dessin de la carte a été inspirée par les paysages marins de la réserve naturelle des Calanques du Cap Rousset. Et sur le verso de la carte, chaque élève y a apporté une touche très personnelle en se présentant, en parlant de détails de la vie quotidienne et en invitant leurs correspondants de Laâyoune à en faire de même.

25 cartes pour créer autant de ponts d’amitié entre 2 continents. Faire un premier pas pour découvrir l’autre, pour apprendre à apprécier nos différences et nos similitudes. Ce n’est pas grand-chose, mais ça ne peut que faire du bien… –+

Préparation au Raid Latécoère : Maîtriser les Manœuvres Essentielles

Comme mentionné dans notre article du 2 juillet sur le « briefing de sécurité », les chefs pilotes du raid Latécoère nous ont recommandé d’avoir un entraînement récent sur certaines situations inusuelles.

Nous avons suivi ces conseils bienveillants, en effectuant une séance de « maniabilité » dans nos clubs respectifs de Louis Rouland et des Ailerons. Voici une revue des principales manœuvres effectuées :

  • Atterrissage sur piste courte

Nous savons que notre parcours nous mènera à Tarfaya, l’une des étapes emblématiques de l’aéropostale. L’aérodrome, qui a été fermé de façon permanente il y a plusieurs années, sera exceptionnellement rouvert par les autorités pour nous accueillir. Sa piste est assez rudimentaire et très courte : 650 mètres disponibles pour se poser, avec une antenne à éviter dans son axe, et très proche du terrain.

Pour nous entraîner, le terrain privé de Mouy était idéal : 560 mètres de piste et là aussi, une antenne très proche et quasiment dans l’axe. Pour ce genre d’approche, il est crucial de maintenir une vitesse stable et réduite (65 nœuds pour notre appareil) et ne pas arriver trop haut. En cas de non-respect, l’avion planera au-dessus de la piste, en « l’avalant » par dizaines ou centaines de mètres, rendant tout atterrissage improbable, voire impossible. Pour pallier cette situation, une seule solution : « remettre les gaz » et retenter une nouvelle approche.

  • Vol sans visibilité

Il y a 2 types de formation pour les pilotes : celle pour le vol aux instruments (IFR) et celle pour le vol à vue (VFR). La première permet de traverser les nuages mais pas la seconde. Tous les pilotes de lignes sont évidemment formés IFR, mais les pilotes d’aéroclub comme nous sont généralement formés VFR.

Dans des conditions normales, nous utilisons l’horizon naturel pour nous repérer. Dans ce cas-là, la vision et l’oreille interne se conjuguent pour nous orienter dans notre environnement. Mais si on perd tout repère visuel extérieur, comme dans un nuage, l’oreille interne, seule, peut générer des illusions sensorielles. Le cas typique est d’avoir l’impression de monter alors qu’on pique vers le sol… En condition de vol sans visibilité, on dit qu’un pilote VFR non entraîné a 3 minutes d’espérance de vie.

Sur les 9500 km de notre parcours, c’est sûr, nous allons rencontrer toute sorte de conditions défavorables. Il y aura les nuages bas accrochant le relief, les pluies, les brumes maritimes, les brumes sèches … et peut-être des tempêtes de sable.

La première chose que nous ferons évidemment, sera de préparer nos vols avec soin, pour éviter ces conditions dégradées. Mais si nous y étions confrontés malgré tout, nous saurons ne pas faire confiance à nos sensations trompeuses, pour nous fier uniquement à nos instruments.

  • Virage engagé

Si un pilote incline son avion sur le côté, sans compenser avec la commande de profondeur (qui fait monter ou descendre un avion), la machine finit par descendre et s’inscrire dans une spirale. C’est le virage engagé ! Et s’il n’est pas rapidement corrigé, c’est la cata !

Nos instructeurs nous y entraînent en le provoquant eux-mêmes et notre job, consiste à le rattraper. En piqué vers le sol, l’avion accélère très très vite. On réduit alors immédiatement la puissance moteur, tout en cherchant une inclinaison nulle, puis tout en souplesse, on tire sur le manche pour revenir à l’horizontale. C’est toujours très impressionnant !

Voilà pour la piqûre d’entraînement ! À renouveler régulièrement et sans prescription –+

Préparation du raid Latécoère : une liste, du cœur et de l’aventure pour la solidarité

Lorsqu’on planifie un voyage en avion, il vaut mieux s’y préparer avec une bonne check list. Et c’est particulièrement vrai pour le « Raid Latécoère 2023 », qui nous mènera d’Enghien à Saint Louis, au Sénégal.

Voici un petit tour d’horizon de ce que nous avons identifié, à 60 jours du départ, couvrant tout ce qui est nécessaire pour l’avion, le pilote, la sécurité, la navigation, et même le confort. Bien que chaque élément de cette liste soit important, certains revêtent une signification particulière.

1) L’avion et sa partie administrative

C’est aussi ennuyeux qu’indispensable et il faut commencer par là. Cela comprend les documents essentiels pour le vol, tels que le certificat d’immatriculation, de navigabilité, la licence de station aéronef… Et comme notre avion n’est assuré que pour voler en Europe, ne surtout pas oublier l’extension d’assurance.

2) l’avion, ses équipements et fournitures

Cette liste contient essentiellement tout ce qui permet de gérer l’avion au sol. On y trouve les cordes d’arrimage au sol, les cales roues, les éléments de protection du bloc moteur (contre le sable) ou des instruments sensibles comme la sonde pitot… Nous emmènerons également de quoi purger nos réservoirs de quelques centilitres, avant le 1er vol de la journée, pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’eau à l’intérieur, en raison du phénomène de condensation.

Et enfin, il nous faudra absolument de quoi partir en vol avec un pare-brise et des fenêtres impeccables, gages de sécurité et photos réussies ! Lingettes microfibres, spray, éponge et d’autres accessoires d’entretien seront dans la soute.

3) L’avion et sa mécanique

En cas de problème mécanique, nous emportons quelques pièces de rechange essentielles telles que des bougies de moteur, une roue et une chambre à air de secours, un filtre à air, une courroie et de l’huile moteur.

4) Le pilote et sa partie administrative

Un pilote n’a rien a envier à son avion sur la lourdeur administrative qui lui incombe : licence de pilote (PPL), qualification anglaise, passeport et certificat médical doivent évidemment être à jour. Pour le dernier, une prise de sang et un électrocardiogramme complétés d’un examen médical, sont nécessaires pour un renouvellement tous les 2 ans après 40 ans. Les cinquantenaires, statistiquement moins fiables, le font tous les ans.

Nous emporterons évidemment nos carnets de vol et moyens de paiement. Et enfin, nous souscrirons à une extension d’assurance individuelle.

5) Le pilote et son équipement

Un pilote en vol n’a rien à envier non plus à un sapin de Noël, réputé pour son esthétique. Pour le Raid Latécoère 2023, nous porterons une superbe combinaison bleue ciel, floquée d’écussons et d’inscriptions. Puis il y aura le casque et son micro, les lunettes de soleil, un gilet de sauvetage et sa “flash light” pour les survols maritimes, une balise de détresse portable, une planche de bord et une tablette tactile fixées sur les jambes. Avec son précieux GPS, les pionniers de l’aviation auraient beaucoup apprécié ce dernier accessoire.

Une radio portative pour recevoir les instructions avant mise en route de nos avions serait un plus.

6) Le pilote et ses Fournitures

Nous emporterons tout ce qui permettra de charger nos téléphones, tablettes et autres équipements. Nous aurons besoin de nombreuses cartes pour tous les pays que nous allons traverser. Et il faudra penser à bien embarquer des choses aussi basiques que des feuilles et des stylos.

7) Le pilote et sa santé

Nous emportons une trousse de secours (obligatoire), ainsi qu’une petite pharmacie avec nous. Ce sera une sorte de kit de la bobologie, avec ses antalgiques, antipyrétiques, et pansements. Mais plus indispensable encore sera la crème solaire, et le répulsif anti moustiques.

Il est aussi crucial de rester en forme pendant le vol, tant physiquement que mentalement. Un pilote fatigué ou stressé prend un risque inutile. Nous emporterons donc collations et boissons avec nous. Mieux que sur un vol low cost, on trouvera à bord des barres de céréales, des fruits secs, de l’eau et du bon café.

8) L’avion et son fret

Ce sera le carburant de notre voyage. Juste quelques grammes des dessins et des cartes postales, confectionnés avec soin dans des classes françaises de CP et CM2. Ce fret sera léger, mais il aura un poids symbolique pour leurs petits créateurs et nos correspondants de Laâyoune qui les tiendront bientôt dans leurs mains. Et à leur tour, ces derniers répondront. Et tous, scruteront notre périple à travers ce site, comme on suit le statut d’un colis Chronopost.

Il y a 2 ans, c’était l’attrait pour l’aventure et les perspectives des vols qui nous ont poussé à nous inscrire à ce Raid Latécoère. Aujourd’hui, la dimension humaine et solidaire de ce raid ajoutent une motivation qui prend progressivement le dessus. La perspective de ces sourires et émerveillement d’enfants, que nous sommes restés nous aussi, nous porte et nous portera en septembre.

Briefing Sécurité : Évaluation et Préparation pour le Raid Latécoère 2023

Le 8 juin dernier, nous avons rencontré les chefs pilotes assistants du Raid Latécoère, Flavien et Jocelyn. Aux côtés de Thierry, le chef pilote, ils sont en charge de la planification et de la gestion de tous les aspects aéronautiques du raid, des briefings et débriefings d’étape à la fourniture d’informations météorologiques, en passant par la gestion des relations avec le contrôle aérien. En outre, ils supervisent les mouvements au sol, y compris le parking et les départs, pour les 16 équipages engagés.

Cette première rencontre a été l’occasion d’effectuer une évaluation complète : d’abord individuelle, puis en tant qu’équipage. L’objectif était aussi de nous sensibiliser aux principaux aspects de sécurité.

L’évaluation individuelle a été une série de questions conçues pour jauger l’adéquation de notre expérience avec les exigences du Raid Latécoère. Elle comprenait des éléments comme nos heures de vol totales et récentes, notre expérience de la navigation et du vol « on top » (au-dessus des nuages), les heures de vol sur notre appareil choisi – un Cessna 172, décrit dans la section « À propos ». Elle prenait aussi en compte notre entraînement récent au vol « VSV » (vol sans visibilité), notre expérience d’atterrissage sur piste courte, notre habileté en sortie de virage engagé, notre connaissance de l’avionique de notre appareil, notre expérience de vol à l’étranger, et bien sûr notre niveau d’anglais aéronautique (nous avons tous les deux le niveau 5 sur 6).

Ensuite, il était temps d’évaluer notre dynamique en tant qu’équipage. Comment fonctionnons-nous ensemble ? Combien de vols avons-nous effectué en binôme ? Quelle est notre connaissance mutuelle et notre compatibilité ? Et maîtrisons-nous le dépôt d’un plan de vol, manuellement ou via les plateformes disponibles ?

Mais cette évaluation n’était que la première étape. Flavien et Jocelyn nous ont également alerté sur plusieurs défis et dangers potentiels qui nous attendent. Il y a notamment les survols maritimes et des déserts, où nous devrons faire face à des phénomènes potentiellement dangereux, comme les entrées maritimes (brouillards côtiers) ou les tempêtes de sable. Mais il faudra également gérer l’intensité du Raid Latécoère, le vol à l’étranger en anglais, les longues navigations en caravane, la gestion de la fatigue et de la chaleur. Enfin, nous devons être préparés à voler systématiquement à la masse maximale, avec des réservoirs de carburant pleins. Ce dernier point demandera une vigilance particulière par forte chaleur, car l’augmentation de la température et du poids d’un avion, contribuent à rallonger les distances de décollage.

Côté équipement de sécurité, ils ont énuméré les éléments essentiels que nous devrons emporter : gilet de sauvetage, flash light, balise de détresse personnelle, trousse de premiers secours. Ils nous ont également rappelé l’importance de protéger la verrière de l’avion, d’avoir un un système d’arrimage au sol, et d’installer des protections d’entrées d’air pour limiter l’introduction de sable.

Nous voilà donc bien”briefés” sur ce qui nous attendra pendant ces 16 jours intensifs.

Il a été décidé de mettre en place quelques séances d’entraînement supplémentaires : vol VSV (sans visibilité), sortie de décrochage et atterrissage sans volet. Mais de façon générales, les questions de sécurité seront toujours présentes à l’esprit et il est certain que nous aurons l’occasion d’y revenir –+