13 septembre - Agadir - Tarfaya

Ce matin, deux groupes ont pris la route pour se retrouver à Tarfaya. L’un est parti en bus de Laayoune, accompagnant la classe de CM2 que nous parrainons. Et au départ d’Agadir, 19 appareils décollent les uns après les autres.

Nous anticipons un vol d’une durée de 2h20. La majeure partie du trajet consiste en un survol côtier, sauf pour une portion à mi-parcours, où nous nous éloignons de la côte pour éviter des zones militaires actives. Notre itinéraire nous mène par Sidi Rabat, Mirleft, Sidi Ifni, Foum Assaka, Labyar, puis Tan-Tan.

Chaque briefing met en évidence “les menaces du jour”. Aujourd’hui, nous aurons la chaleur, le vol en région désertique et surtout l’atterrissage à Tarfaya. Ce dernier présente plusieurs points critiques que nous avons étudiés minutieusement :

  • La piste en terre, d’une longueur de 700 mètres, est en mauvais état et parsemée de cailloux. Elle a été exceptionnellement ouverte pour l’occasion.
  • Des antennes radio se situent proches de son seuil, nécessitant une approche finale décalée.
  • La piste sera bordée par les avions déjà arrivés et de nombreuses personnes, dont des gendarmes, des policiers et le staff assurant la sécurité.
  • Faute de taxiway, les avions, une fois atterris, doivent effectuer un demi-tour sans s’arrêter pour ne pas risquer de prendre un cailloux dans l’hélice, puis remonter la piste en sens inverse jusqu’au parking.
  • Une fois le moteur éteint, nous devons montrer les clés au « parkeur », signalant que l’avion peut être manipulé, afin d’être poussé immédiatement vers son stationnement et libérer la piste.

Le paysage sous nos ailes est quasiment dépourvu de végétation, la terre brûlée par le soleil. Après deux heures, nous survolons la côte et apercevons enfin le Cap Juby et le village de Tarfaya.

La coordination est essentielle alors que plusieurs avions se préparent à atterrir. Nous  nous intégrons dans le circuit d’aérodrome, suivant un appareil déjà en phase finale. Puis à mis-parcours, le contrôle nous demande de patienter, la piste n’étant toujours pas dégagée. Le moment est tendu, chaque manoeuvre devant être parfaite. Puis le feu vert est donné pour poursuivre notre approche, la piste encombrée se dévoile, tout comme les antennes. Le contrôle nous guide d’une voix calme via notre radio, nous procédons avec précision, ajustant chaque paramètre pour un atterrissage parfait.

Notre Cessna remonte fièrement la piste et nous coupons le moteur. Les équipes au sol repoussent l’avion vers son point de stationnement. Les élèves de CM2, avec qui nous avons fait connaissance depuis déjà plusieurs mois, accourent vers nous. Nous sommes tous heureux de nous retrouver enfin. Ces instants resteront gravés dans nos mémoires.

L’avion devient vite l’objet de toutes les attentions. Les enfants sont curieux et les questions fusent, toutes pertinentes. Nous les installons un par un aux commandes de l’avion, batterie allumée et commandes libérées pour qu’ils puissent en profiter au maximum. Plusieurs nous confient vouloir devenir un jour pilote.

Nous sommes ensuite invités à visiter le musée Antoine de Saint Exupéry de Tarfaya. Ce lieu nous immerge dans l’histoire l’aéropostale, les pannes en plein désert et les pilotes capturés par les Maures. St Ex, alors Chef de l’aérodrome de 1927 à 1929, a souvent usé des ses qualités de diplomate pour négocier des libérations. Vol de Nuit (1931) et Le Petit Prince (1943), ont probablement été en partie inspirés par les expériences de Saint Ex dans cette région.

Il n’y a pas d’hôtel à Tarfaya pour accueillir la caravane du Raid LAtécoère. Un village de tente a donc été aménagé pour l’occasion, à une centaine de mètre de nos avions. C’est un décor d’aventure féérique qui se trouve planté ici. Ce soir, au cœur du désert saharien et sous un ciel étoilé, nous n’aurons nul besoin de fermer les yeux pour rêver –+