11 septembre - Mutxamel - Tanger - Casablanca

Les Ailes Solidaires comptent un deuxième commandant de bord depuis ce matin. Vincent nous a rejoints hier soir, et c’est lui qui a assuré le premier des deux vols de la journée : la liaison impressionnante entre Mutxamel et Tanger.

Pour ce vol aussi technique que celui de la veille, nous avons effectué une longue traversée maritime pour rallier l’Europe à l’Afrique. Nous ne sommes montés qu’à 4500 pieds (1 500 m) pour cela. C’est assez peu pour ce genre de survol, mais c’était l’altitude idéale pour bénéficier du vent le plus favorable.

Dans ces moments-là, on observe tous les navires et voiliers à notre proximité. En cas d’amerrissage forcé, nous ferions en sorte de toucher l’eau sur leur trajectoire, afin d’augmenter nos chances d’être vus et secourus rapidement. La procédure est assez simple mais très risquée, car l’impact avec l’eau se fait à environ 100 km/h. Pour augmenter nos chances de survie, l’approche doit être parallèle à la houle. Avant de toucher l’eau, on doit déverrouiller, puis reverrouiller les portes « ouvertes » pour ne pas qu’elles restent bloquées dans l’eau. Puis une fois l’avion immobilisé, on évacue, on gonfle les gilets à l’extérieur et on déclenche nos balises portatives. À l’approche des secours, on percute nos fusées de détresse pour être vus dans l’eau, car les balises ne sont pas assez précises.

La traversée s’est heureusement passée sans encombre. La météo très dégagée nous a même permis de prendre des clichés magnifiques des deux rives du détroit de Gibraltar, avec la caméra accrochée sous notre aile. Quel beau trait d’union !

À l’approche de Tanger, la tour de contrôle nous  a proposé de nous intégrer devant un avion de Ryanair, tout en mettant ce dernier en circuit d’attente. On a alors pu entendre le pilote de ligne collationner l’instruction sans broncher. La situation était très drôle et surtout inhabituelle, car les avions légers sont systématiquement mis à l’écart. Mais la rigolade n’a pas duré très longtemps ! Après s’être aperçue de son erreur, la tour a évidemment fait passer l’Airbus devant nous et mis cinq avions du raid déjà présents en attente. La punition a duré 15 longues minutes, pendant lesquelles nous avons effectué 7 orbites à proximité d’une montagne.

Le mastodonte à l’étable, nous avons alors pu reprendre notre approche. Trois heures et demie après notre départ de Mutxamel, nous étions sur le parking de Tanger. 

Voilà !  C’était fait. Nous venions de nous poser au Maroc, à l’entrée de ce gigantesque continent africain. Passée l’émotion de cette arrivée hors du commun, nous avions alors deux priorités : faire le plein et déclarer notre entrée sur le territoire marocain.

Grâce à un accueil quasi VIP, nous nous sommes remis en vol vers Casablanca moins de deux heures après notre arrivée à Tanger. C’est à ce moment-là que nous avons pu découvrir la beauté de ce pays. D’abord au-dessus des côtes, puis dans les terres pour contourner les espaces aériens de Rabat.

Nous avons passé cinq heures dans les airs aujourd’hui. C’est épuisant, mais tellement grisant. On n’a qu’une seule envie, c’est de repartir. Mais avant cela, nous passerons par une adresse incontournable pour ce raid de l’Aéropostale : Le Petit Poucet, un restaurant fréquenté régulièrement par Antoine de Saint-Exupéry —+